Bonsoir et bienvenue dans cet épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui première chronique autour du travail du compositeur japonais Kentaro Haneda, né un 12 Janvier 1949, mort bien trop tôt le 2 juin 2007 à l’âge de 58 ans, un des plus grands orfèvres ayant oeuvré dans la musique de dessin animé au Japon
Kentaro Haneda…Si je voulais en parler avec un vocabulaire de gamin, avec des notions de classements sur qui est le plus fort entre le Tyrannosaurus Rex et le Tricératops, je dirai que Kentaro Haneda… ben, c’est l’patron, c’est l’meilleur, c’est juste, le Boss de Fin.
Alors bien sûr c’est plus nuancé que ça, mais, il n’empêche, pour le placer au milieu de ses semblables compositrices et compositeurs, si on prend la rigueur classique propre à certains, le groove déluré développé par d’autres, une exigence manifeste sur la moindre partition quel que soit le média chez un tel, une souplesse digne de Dhalsim pour passer d’un répertoire à l’autre piochée dans le son d’une telle, et qu’on mélange tout ça, on va plus ou moins se retrouver avec Haneda sur les bras.
Maintenant, tel Rafik Djoumi, le critique de flims, qui lançait malicieusement « les super nanas ? Ce n’est pas un dessin animé pour les enfants ! » à raison, tant cette série animée absolument fabuleuse multiplie les hommages et les références aux adultes sous couvert de divertissement extra juvénile, on peut s’autoriser à annoncer sur un ton approchant : « Kentaro Haneda ? est ce vraiment de la musique de dessin animé ? » tant les compositions de l’artiste sortent du moule au moindre virage trop raide pour s’abandonner à des improvisations complètement stylées dont la seule limite est le diktat de l’enregistrement, tant le plaisir, la saveur, qui découle de ses jamais assez nombreuses signatures sonores, inondent l’espace et le temps dans un festival d’impressions formidables depuis longtemps évadé de la pellicule, loin des considérations de service, d’utilité, de mise en forme auxquelles cette musique est par définition dédiée.
Bon je m’emporte, et j’exagère un peu, puisque la musique sur laquelle je balance ma diatribe est bien du Kentaro Haneda pur jus, mais tiré d’un album de musiques pas forcément de dessin animé.
Disons que voilà pour une espèce d’introduction à Haneken, de son surnom.
Si le compositeur est avant tout le créateur de 2 bandes son d’anthologie, Macross et Cobra, qui auront toute 2 leurs moments dédiés, partons parmi 2 des premiers dessins animés sur lesquels il a signé les bandes sons, l’un n’étant jamais parvenue jusqu’à chez nous : Space Warrior Baldios, en 1980.
Sur cette œuvre là, une série animée avec des ingrédients chers à l’époque, science fiction et aventures spatiales, on retrouve un Kentaro Haneda en train de mettre en place son univers, avec déjà des fulgurances, une furieuse envie d’en découdre à coup de sections de cordes hyper énergiques en attendant une réponse des vents qui viendra dans des œuvres futures.
Résultat une musique plus minérale, abrupte que dans ses futures productions, avec ça et là des signatures qui explosent sans crier gare, pour notre plus grand plaisir.
l’autre, en 1978, c’est l’île au trésor, cette adaptation en série japonaise du Roman de Robert Louis Stevenson, avec Osamu DEZAKI à la réalisation, Akio Sugino au chara design, qui avec Haneda à la composition, formeront un trio à l’origine de plus d’un souvenir indélébile pour les téléspectateurs de l’époque.
Ici, on aborde donc cette facette très appréciable du compositeur, capable de livrer de la musique évoquant aussi bien l’aventure, la mer, un lointain ailleurs sous les cocotiers… qu’une manifeste facilité pour passer d’un registre plutôt proche du classique à quelque chose de très très funky en un tour de main, et, comme je me risquais à l’évoquer en début de chronique, une sévère propension à digresser très loin du postulat initial…
C’est notamment sur la bande son de l’île au trésor qu’on peut trouver des partitions sur lesquelles Kentaro Haneda s’est particulièrement lâché comme cet inénarrable shiruba sencho sa suko i yatsu, le capitaine Silver est un type incroyable dont nous vous soumettons l’écoute intégrale…
le capitaine Silver est un type incroyable, bien sûr, on parle de Silver quand même…Une composition de Kentaro Haneda pour Takarajima, l’île au trésor, série réalisée par osamu dezaki.
Voilà pour ce premier survol de l’œuvre du musicien formidable que pouvait être Kentaro Haneda, il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes
Et maintenant en guise d’au revoir, hors contexte et sans prévenir, place aux larrons incontrôlables qui se sont chargés du doublage de la série Ken le Survivant, et des milles facéties qu’ils ont glissés dans cette œuvre qui n’en demandait pas tant, avec ce rapport si particulier au bon goût et au bon sens qui leur sied à merveille…