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Bonsoir et bienvenue sur RVR dans ce nouvel épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui on aborde l’univers incomparablement groovy d’une des plus grandes figures de la composition au Japon : Yuji Ohno, par l’entremise de 2-3 chroniques sur sa bande son la plus stylée : son travail sur la série de 1978 Capitaine Future alias Capitaine Flam.
Alors bien sûr, ça, ce n’est pas du Yuji Ohno, c’est du Jean-Jacques Debout, le compositeur du générique français de Capitaine Flam, avec cette ouverture inoubliable narrée par la voix claire et très identifiable de Dominique Paturel, mais voilà… ce générique est si puissant, tellement là, dès que l’on prononce les mots capitaine suivi de flam, que l’occasion d’ouvrir une petite parenthèse sur le sujet semblait raisonnable, juste pour préciser l’existence, du site incroyable superloustic.com, et notamment sa section La belle histoire des génériques Télé, de Olivier Fallaix, un des piliers journalistiques sur l’animation japonaise en France, qui dresse une liste la plus exhaustive possible de tout ce qui s’est fait dans le genre à lui seul du générique, avec un nombre assez sidérant d’anecdotes et détails techniques sur chaque dessin animé évoqué, et le générique respectif. Je ne connaissais que de loin, je recommande désormais vivement.
Fin de la parenthèse, abordons maintenant à proprement parlé la musique de Capitaine Flam.
Si faire ces chroniques sur Yuji Ohno est naturellement une fin en soi, cela va permettre aussi de débloquer toute une foule de futurs moments dédiés à une musique similaire par d’autres artistes, le compositeur japonais, né en 1941 s’illustrant à merveille dans un habillage sonore d’aventures spatiales des plus original pour l’époque, étant difficilement remplaçable pour une introduction dans ce style.
Car oui, j’imagine et j’espère que ça vous saute rapidement aux oreilles à l’écoute de ce qui passe en fond, mais quand ses compatriotes compositeurs les plus marquants de l’époque, par exemple Hiroshi Miyagawa pour Space Battleship Yamato, Shunsuke Kikushi pour Albator 84, Kentaro Haneda pour Macross ou Cobra, excellent dans une musique s’étirant dans un spectre allant de la musique classique à un funk richissime, Yuji Ohno ouvre encore une autre porte , pousse un nouveau curseur, moins excessif, moins dans le flamboyant, plus en retenue par rapport à ses confrères : un Jazz des plus feutré se déroulant le long de nombreuses pistes soulignant des moments très différents de l’intrigue, mais toujours avec le flegme, la classe, le style Yuji Ohno.
Et voilà bien les caractéristiques principales fort heureuses de sa musique sur capitaine Flam : tout d’abord l’homogénéité de la qualité des pistes ; autant de moments accrocheurs, enlevés, pertinents se succédant à l’infini, font qu’il n’y a vraiment que l’embarras du choix pour citer des musiques remarquables et monter ainsi facilement une chronique sur la bande-son de cette série.
Loin de la percussion jouissive, mais très colorée et facile d’appréhension de la musique de ses collègues compositeurs contemporains, loin des moments épiques, climax, ascenseurs émotionnels de nos fictions animées préférées et leurs transcriptions musicales fortes et/ou démesurées, Yuji Ohno nous initie ainsi à l’autre caractéristique principale fort heureuse de la musique de Capitaine Flam : quelque chose de plutôt sophistiqué, plutôt impalpable, plutôt non-identifié, à l’image de la non-image que peut inspirer l’inconnu spatial, et qui trouve sa meilleure destination dans l’évocation d’ambiances, dans la description éthérée de mondes étranges, ce qui fera l’objet de chroniques spécialement dédiées à ce thème, et dont nous allons pouvoir écouter une magnifique démonstration intégrale avec la piste, Shinobi Yoru Invader, qui sera suivie d’un moment tout cosy, tout groovy, tout smooth, la petite tuerie que peut être la piste Captain no Gaisen.
C’était la planante Shinobi Yoru Invader, suivie de la considérablement groovy Captain no Gaisen, deux compositions de Yuji Ohno pour la série animée de 1978, Captain Future, réalisée par Tomoharu Katsumata.
Voilà pour ce premier voyage autour de la musique séduisante et jazzy de Yuji Ohno. il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores, l’ami Teddy pour les traductions, ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes.
Et maintenant en guise d’au revoir, hors contexte et sans prévenir, place aux larrons incontrôlables qui se sont chargés du doublage de la série Ken le Survivant, et des milles facéties qu’ils ont glissés dans cette œuvre qui n’en demandait pas tant, avec ce rapport si particulier au bon goût et au bon sens qui leur sied à merveille…